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25 ans de sacerdoce !

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Homélie du Père Ferraro, Solennité de l’Immaculée Conception et anniversaire de ses 25 ans de sacerdoce

Rien n’est impossible à Dieu.

Après-midi. Trois heures. Vendredi. C’était le quatorzième vendredi de Nissan. 14 de Nissan de l’année 33.

Non, ce n’était pas une coïncidence.

 

Ce n’était pas une coïncidence si maintenant on ne pouvait même plus voir son visage.

Ce n’était pas un hasard s’il était tout de sang. Plaies et sang. Tout plaies. Tout sang. Tremblant.

Jésus tremblait. Il sentait les frissons de la mort, les crampes dans ses bras… il pouvait à peine respirer. C’étaient les derniers instants, les dernières paroles. Des paroles très soignées. Des paroles choisies. Résolumment voulues. Elles étaient son héritage.

 

Ce n’était pas un hasard, donc, s’il bougeait encore la tête pour la trouver des yeux : là, au pied de la croix, se trouvait elle. Elle, la plus fidèle. Toute à Lui.

Et ce n’était pas une coïncidence s’il s’est tourné vers elle. C’était le moment le plus solennel de l’histoire : sa mort. C’était le moment le plus solennel de sa vie : sa mort. C’était pour cela qu’il était né, et c’était pour cela qu’il était venu au monde. Et pour cela elle aussi avait été donnée au monde. Non, ce n’était certainement pas un hasard si elle aussi était là, et ce n’était pas par hasard qu’en ce moment-là lui s’adressait à elle.

 

Il la regarda fixement. Et «… voyant sa mère [… il], dit à sa mère : hV’ai (femme)…».

 

Jésus regarda sa mère, et l’appela femme… Ce n’était absolument pas un hasard s’il l’appelait ainsi. Car même s’il devra être officiellement proclamé mille huit cent vingt ans plus tard, même si le bienheureux Pie IX le définira solennellement le 8 décembre 1854, cependant le secret de l’âme de Marie nous a été révélé précisément à ce moment-là, précisément en ce 14 de Nissan, au pied de la croix. Et ce n’était pas un hasard.

 

hV’a… Pas « Marie », pas « mère », pas « pleine de grâce », mais hV’a… femme… À Jésus n’a certainement pas échappé le sens profond de ses paroles, tout comme le sens profond du moment qu’il était en train de vivre ne lui échappait pas non plus. C’était le moment de la rédemption, et le moment où la désobéissance était annulée, l’orgueil enterré, la faute réparée. Parce que c’était le moment où la tête du serpent, la tête de Satan, était piétinée. C’était le moment de la victoire de la croix. Dans la croix de Jésus, la mort elle-même mourait, et le péché avec elle.

 

hV’a… femme… La troisième parole du Seigneur, dans le moment central de l’histoire, nous renvoie au moment initial, celui de la chute, celui de la sentence, celui de la promesse. L’homme était tombé. « Tu mourras », dit Dieu, mais au serpent il dit : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et la sienne. Tu lui traqueras le talon, mais elle t’écrasera la tête ». Qui était celle femme-là ? Quelle était celle inimitié ? Cela ne pouvait pas se référer à Eve, ce n’était pas le peuple d’Israël non plus… Cela ne parle pas d’aucune femme du monde… sauf toi… C’était toi, Marie.

 

En écrasant avec Jésus la tête de Satan au pied de la croix, la très sainte Vierge Marie s’est montrée totalement ennemie de Satan, de la manière la plus absolue, nette, claire et radicale, au point que l’ennemi de la nature humaine n’a absolument rien à voir avec elle, rien, à aucun égard. Ayant un cœur le plus pur qui ait jamais existé, elle fut et demeure toujours la très Pure, l’Immaculée, l’unique être humain où le péché n’a jamais pris part, l’unique lieu où se trouve l’inimitié la plus absolue et la plus radicale contre tout ce qui s’oppose à Dieu. En l’appelant « femme », hV’a, Jésus ne l’a pas rendue immaculée, car elle l’était déjà dès sa conception, mais il l’a déclarée et nous l’a présentée comme l’Immaculée, comme celle où nous aussi, à son abri, en tant que vrais disciples et enfants, vaincrions un jour les pièges de Satan.

 

L’Immaculée Conception : le seul cœur humain où le Seigneur pouvait appuyer sa tête pour trouver un peu de repos. Le seul endroit au monde où il n’y avait rien de taché mais tout de lumière, de pure blancheur… Le cœur de Marie, l’Immaculée Conception.

Lorsque les anges furent mis comme gardiens avec une épée éblouissante aux portes du jardin d’Éden, ça fut aussi l’annonce et la prophétie qu’un aperçu du Ciel allait parcourir une fois les rues de notre monde… Fons sigillata, Fontaine scellé. Un cœur préparé par Dieu lui-même, pour Dieu ; un cœur réservé par Dieu, pour Dieu… L’expression prodigieuse du Cantique des Cantiques – Tu es un jardin clos, ma sœur, mon épouse, un jardin clos, une fontaine scellée (4,12) – se réfère en dernière instance à Marie. C’est pourquoi le texte sacré dit aussi : Tota pulchra es, amica mea, et macula non est in te (4,7). Car elle, l’Immaculée Conception, était le lieu que Dieu avait bloqué à l’accès de Satan, le lieu que Dieu avait préservé du péché… Toute belle et sans tache, l’Immaculée Conception était cette maison que la Sagesse s’était préparée (cf Prov 9,18), ce jardin des fleurs de toutes vertus, parées de toutes les grâces, sur lesquelles Dieu pouvait reposer son regard. Certainement, elle avait été préparée par l’action divine à être la pleine de grâce. C’est pour cela que saint Thomas déclare ouvertement : «… excedit Angelos quantum ad puritatem […]. Ipsa enim purissima fuit […] quantum ad culpam, quia nec originale, nec mortale, nec veniale peccatum incurrit // Elle depasse les anges en matière de pureté […]. En effet, elle fut la très très pure […] en matière de culpabilité, car elle n’encourut ni péché originel, ni mortel, ni véniel »[1].

Marie, jardin de Dieu, jardin de Jésus. Jésus pouvait y poser son regard.

 

Alors Jésus regarda Marie. Mais Marie regarda aussi Jésus et, en regardant Jésus, elle comprit très bien – le cœur sept fois transpercé – que c’était précisément à ce moment-là que l’on lui dévoila son secret. Si l’Immaculée Conception avait été faite, si la Fontaine avait été scellée, si elle était restée pure et totalement fidèle à Dieu, cela avait eu un prix. C’était la chair de sa chair et le sang de son sang, le trésor précieux par lequel, dans les mystères secrets de Dieu, le prix de tout avait été payé, et aussi, et en tout premier lieu, le sien : un sang dont elle avait mystérieusement bénéficié d’avance, pour annoncer au monde que Dieu est miséricordieux et que sa miséricorde s’étend de génération en génération…

 

*    *    *

 

Rien n’est impossible à Dieu.

 

Solennité de sainte Marie, l’Immaculée Conception.

Qu’elle, qui a vaincu le péché dès le commencement de sa vie, nous apprenne à nous éloigner toujours d’avantage du péché et à devenir des annonces vivantes de la miséricorde de Dieu.

Qu’elle, pleine de grâce, intercède pour nous afin que nous soyons aussi, en tant que ses enfants, saints et immaculés devant Dieu, par la charité (Eph 1,4 – εἶναι ἡμᾶς ἁγίους καὶ ἀμώμους κατενώπιον αὐτοῦ ἐν ἀγάπῃ).

 

[1] St Tomas, Expos. In Salut. Ang.; ed. G. F. Rossi, Piacenza 1931 – qui donne la meilleure tradition manuscrite.

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