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30 ans du séminaire de La Castille : retrouvez un reportage ainsi que l’homélie de Mgr Rey !
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[ac_section title= »Reportage sur les 30 ans du séminaire »]
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Le séminaire de La Castille a été placé sous le patronage de l’Immaculée Conception. Aussi en célébrant aujourd’hui les 30 ans de sa réouverture par Mgr Madec, je souhaiterais que nous nous réapproprions l’intuition originelle, la grâce propre attachée à cette maison de formation puisqu’elle est intrinsèquement liée au mystère de la Vierge Marie. L’Evangile de l’Annonciation que nous venons d’entendre, nous invite à assumer trois caractéristiques fondamentales de tout séminaire.
1) La première caractéristique c’est que le séminaire est un lieu d’élection. Nous venons de l’entendre dans le récit de St Luc, Marie se sait choisie de Dieu de toute éternité. Le Seigneur l’a prémunie de la faute originelle afin de pouvoir accueillir un destin qui la dépasse. Marie, « comblée de grâces », comme le lui dira l’ange Gabriel, « Marie plus jeune que le péché » pour reprendre la belle expression de Georges Bernanos, Marie personnifie la prévenance de Dieu qui l’a protégée du mal qu’elle aurait pu faire, du péché qu’elle aurait pu commettre. Elle bénéficie d’avance des fruits de la Rédemption.
Tout séminariste doit se savoir débiteur aussi de la prévenance de Dieu « qui a mis à part son fidèle », comme le chante le psalmiste (Ps 4, 4). Le Seigneur choisit qui Il veut et comme Il veut. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi » (Jn 15, 16) rappellera Jésus aux siens. Le séminariste n’a pas de prise sur cet appel. Son élection le précède et le déborde.
L’Eglise est épiphanique. En elle retentissent, en elle se réfractent l’appel et la bénédiction d’un message universel, mais accueilli et porté par certains pour le bénéfice de tous. Aussi, bien au-delà du discernement sur sa vocation personnelle, chaque candidat au sacerdoce est invité à témoigner auprès de tous les baptisés que chacun d’eux est aussi choisi dans le Christ.
2) Le récit de l’Annonciation nous parle d’élection mais aussi de transformation. Nous venons de l’entendre dans l’Evangile.
Marie pose à l’ange Gabriel une question souvent comprise comme une objection : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais point d’homme ? » Marie use d’un temps grammatical que l’ange s’était gardé d’utiliser. Son âme baignée de joie, essaie de faire que soit accompli de suite ce qui était prédit par l’ange au futur pour demain, « tu concevras ». Dans son ardeur secrète, la Vierge veut ramener la promesse (devenir la mère du Messie Sauveur) dans l’actualité du présent. Elle parle à l’ange comme s’il avait dit « aujourd’hui tu conçois ».
En restant fidèle au texte grec de Luc, on découvre alors que le discours de l’ange à Marie change tout d’un coup de temps grammatical (« dio kai to gennomenon agion »), littéralement « ce qui est en train de s’engendrer sera saint ». Dieu advient en la chair de la Vierge, au fil de l’énoncé des paroles angéliques. La Parole de Dieu accomplit en elle ce qu’elle signifie dans l’instant où l’ange la prononce. (« dio kai to gennomenon agion »).
Comme pour la Vierge, l’Esprit-Saint accomplit une germination intérieure dans la vie de celui qui veut se donner au Christ. « Séminaire » tire son origine sémantique du mot « semence ». Si « la foi, c’est la disposition à se laisser transformer » (Pape François), le séminaire est un lieu de transformation intérieure, de conversion permanente, d’engendrement, un « utérus ecclésial ».
Cette transformation requiert en premier lieu un retrait, un recueillement, une écoute, une disponibilité de l’âme. Chers séminaristes, cet appel qui est en vous ne provient pas de vous. Il vous invite, non seulement à la cohérence, mais à l’effacement. Le centre de vous-même se trouve déplacé et radicalement, hors de vous-même, dans le Christ.
Mais d’autre part, cet appel est rayonnement. « Qui es-tu pour refuser aux autres le meilleur que tu as reçu de Dieu ? » (Nelson Mandela). La vocation sacerdotale implique une dilatation du cœur pour devenir instrument de salut pour nos frères et sœurs en humanité. « Le feu qui me brûle de dedans est celui qui éclaire ma route » (Marie Noël).
3) La Vierge nous enseigne simultanément que toute vocation relève d’une élection, qu’elle appelle une conversion, mais également qu’elle conduit à une adhésion, à un « fiat ». La foi mariale est acquiescement sans défaut du cœur, de la volonté et de l’intelligence au projet de Dieu. Tout séminariste inscrit le « me voici » qu’il prononcera peut-être le jour de son ordination, sur les traces du « oui » de Marie : son « oui » filial de l’Annonciation, son « oui » silencieux du Golgotha au pied de la Croix.
Lorsqu’on considère l’histoire du séminaire diocésain, on rencontre une série d’actes de foi qui pont porté ce projet. La foi de Mgr Charles-Alexandre de Richery, à peine nommé sur le siège de Fréjus, qui prend la décision inattendue et déjà controversée, d’ouvrir un séminaire. Nous sommes en 1823. Un siècle après, son successeur, Mgr Guilibert transfère le séminaire, au domaine de La Castille, à la suite du legs de Mme Aubert de La Castille. Elle avait prédit lors de la donation : « Les vocations vont affluer, et de La Castille, redevenue Maison du Bon Dieu, sortira des saints ».
60 ans plus tard, Mgr Madec, à peine nommé sur le siège de Fréjus-Toulon, pose aussi un acte de foi dont on mesure 30 ans après l’audace et la fécondité contre vents et marées. Il prend la décision courageuse et prophétique de rouvrir le séminaire fermé depuis 1958. « J’ouvre une propédeutique, ensuite j’ouvrirai un séminaire, c’est une question de volonté, de foi dans le mystère de l’Eglise. Je crois en l’avenir des vocations sacerdotales et religieuses », disait-il.
Ces actes de foi successifs font partie des « chromosomes » de notre séminaire. Devenir séminariste, c’est non seulement apprendre à croire en Dieu, mais aussi à croire en sa vocation presbytérale. « La première fidélité demandée à un prêtre, c’est de continuer à croire à son propre ministère », disait le Bx Jean-Paul II.
La foi du séminariste est soumise à plusieurs défis :
– D’abord celui de la liberté intérieure. Il s’agit pour tout candidat au sacerdoce de s’ouvrir à autre chose que lui-même, à se décentrer, à s’affranchir de ses désirs personnels, pour entrer dans la liberté même de Dieu.
– Ensuite le défi de l’incarnation : acquérir jour après jour, non seulement des savoirs théologiques et spirituels et des savoir-faire pastoraux indispensables, mais également, un savoir vivre, un savoir être chrétien. Intégrer la foi dans toute l’épaisseur de son humanité.
– Il faut encore assumer le défi de la durée. 7 ans de formation intellectuelle, pastorale, spirituelle et humaine sans garantie d’être ordonné. La vocation est certes en soi, mais aussi devant soi, dans la disponibilité au jugement de l’Eglise.
– Enfin, la foi du séminariste s’épanouit dans le service, pour se dédier à la sanctification des autres baptisés, pour être rendu capable de donner le Christ, le séminariste ne peut que se donner radicalement aux autres : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir », disait Jésus.
Pour relever tous ces défis, chaque séminariste doit pouvoir compter, chers Frères et Sœurs, sur votre prière et sur votre soutien fraternel et matériel. Il en va de l’avenir du sacerdoce, de l’avenir de notre diocèse.
+Dominique Rey, Séminaire de l’Immaculée Conception, 7 décembre 2013
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